Dans sa nouvelle fonction, Évariste Ndayishimiye aura pour tâche principale de favoriser des échanges soutenus avec les autorités de la région et de promouvoir les efforts de paix dans une zone ravagée par l’instabilité politique et la menace persistante des groupes jihadistes. Il devra également œuvrer à rétablir les liens institutionnels entre l’UA et les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui ont tourné le dos à l'organisation panafricaine depuis leur suspension.
Connu pour son ton modéré sur la scène internationale, Ndayishimiye jouit d’une image de dirigeant conciliateur, notamment depuis son arrivée au pouvoir en 2020 dans un Burundi encore marqué par des tensions post-électorales. Sa désignation est perçue comme un signal d’ouverture de la part de l’UA, qui cherche à renouer le dialogue sans heurter les sensibilités des juntes sahéliennes.
L’Union africaine à la croisée des chemins
Cette initiative intervient dans un contexte de remise en question croissante de l’influence de l’UA au Sahel. Face à l’affirmation de l’AES et à l’éloignement diplomatique des régimes militaires, l’organisation continentale tente de reprendre la main, tant sur le plan sécuritaire que politique. La mission confiée à Ndayishimiye pourrait constituer une première étape vers une nouvelle forme de coopération régionale, à condition que la confiance mutuelle puisse être rétablie.
Le nouveau médiateur devra naviguer entre les impératifs de la diplomatie et les réalités du terrain sahélien, où les tensions avec les partenaires occidentaux, la montée de la violence armée et les aspirations souverainistes des juntes compliquent tout rapprochement. Sa réussite dépendra autant de sa capacité à instaurer un climat de confiance que de l’évolution des rapports de force dans la région.
Avec la nomination d’Évariste Ndayishimiye, l’Union africaine tente une médiation audacieuse dans un espace géopolitique de plus en plus fragmenté. Reste à savoir si le président burundais saura convaincre les dirigeants sahéliens de renouer les fils d’un dialogue rompu. Sa mission pourrait bien redéfinir, à terme, la place de l’UA dans un Sahel en pleine recomposition.